Marcel Amiguet naît le 24 juillet 1891 à Ollon. Il est le cadet des dix enfants d’Alexis Amiguet, géomètre arpenteur. Après l’école de commerce et un apprentis-sage, il fait un bref séjour à Bâle comme fonctionnaire postal et se met à peindre en autodidacte. Dès 1912, il expose dans une librairie, à Lausanne, puis s’installe à Paris où il fréquente divers ateliers de l’Ecole des Beaux-Arts, dont celui du célèbre Fernand Cormon. De 1915 à 1917, il montre au Sentier des vues de Paris, des Alpes vaudoises et de la Vallée de Joux, où il séjournera chaque été. Il y est hébergé par sa soeur, établie aux Charbonnières, dont il décorera l’église de trois peintures murales. Puis les expositions se succèdent à Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds, Genève, Lausanne, Vevey, Zurich et Bâle. En 1919, la revue Pages d’art lui consacre un article avec neuf illustrations, bientôt suivi d’autres dans L’art et les artistes et dans L’art en Suisse.
A Paris, Amiguet participe au Salon des artistes français, au Salon d’automne, puis à celui des Arts décoratifs en 1925, où il obtient une médaille d’or pour ses projets d’ameublement. Il conduit des visites commentées dans les musées parisiens, développe des théories sur les arts comparés et s’intéresse aux correspondances entre sons et couleurs. Il prononce diverses conférences à ce sujet, entre autres au Conservatoire de Lausanne, au Salon d’automne et à l’Académie des Beaux-Arts, et enseigne à l’Institut Martenot à Neuilly. En contact par son épouse pianiste avec la Schola Cantorum, il fréquente de nombreux musiciens dont il fera le portrait, et organise des concerts dans son atelier. Il est invité deux étés de suite par Hélène de Mandrot au Château de la Sarraz, et voyage en France et aux Pays-Bas.
De 1929 à 1932, l’artiste entreprend un grand périple dans un camion-atelier construit sur ses plans par les Usines Renault, qu’il baptise «lOuvège», et avec lequel il parcourt 40 000 km de Paris à Bombay. Cette aventure lui vaudra une célébrité éphémère, sanctionnée par un dossier de presse spectaculaire, une réception triomphale sur les Champs Elysées, la publication d’un livre, Seul vers l’Asie, et de nombreuses conférences. Une grande exposition à la galerie La Renaissance, à Paris, sera suivie d’une autre à Lausanne, au Palais de Beaulieu. Dès lors, le démon du voyage ne le quittera plus, et il parcourra successivement l’Espagne et le Portugal, l’Italie, l’Angleterre et l’Egypte. En Suisse, les Alpes valaisannes et les montagnes de la Suisse centrale, ainsi que le Tessin, feront l’objet de nombreuses campagnes picturales. Mais la guerre l’ayant coupé de ses racines parisiennes, Marcel Amiguet finira par s’isoler à Ollon et mourra le 10 août 1958 oublié de tous.
JUNOD Phillipe, Marcel Amiguet : peintre, mélomane et aventurier, L’ESSOR – Centre culturel Le Sentier Vallée de Joux, 2013.
FAA : Fonds d’atelier complet donné par Philippe Junod.